Un traitement a été identifié par des chercheurs suisses et allemands au terme d’une étude qui a utilisé une technique de pointe, dénommée protéomique spatiale, située au carrefour de la biologie moléculaire, de la génomique et de l’analyse spatiale. Cette méthode, décrite dans deux articles publiés en 2022 et 2023, permet d’obtenir la localisation spatiale des protéines dans des cellules et donc de mieux comprendre comment ces molécules biologiques sont organisées et fonctionnent dans des compartiments intra-cellulaires distincts.
Rappelons que le syndrome de Lyell est défini par une desquamation très étendue, sur plus de 30 % du corps. Le syndrome de Stevens-Johnson entraîne, lui, une desquamation sur des zones limitées de la peau : sur moins de 10 % de la surface corporelle. Lorsque 10 % à 29 % du corps sont touchés, on parle de syndrome de chevauchement. Dans 85 % à 90 % des cas, ces redoutables pathologies sont induites par un médicament.
Dans les formes étendues, la mortalité du syndrome de Lyell et de Stevens-Johnson est d’environ 25 %. Les complications respiratoires (nécrose de l’épithélium trachéo-bronchique) et infectieuses conditionnent le pronostic. Plus de 80 % des survivants souffrent de séquelles cutanées, génitales, buccales ou bronchiques.
Les chercheurs ont identifié six protéines fortement exprimées dans les kératinocytes et les cellules immunitaires de patients souffrant de nécrolyse épidermique toxique, en l’occurrence à un taux quatre fois plus élevé que les sujets sains contrôles. Ces six protéines sont impliquées dans la voie de l’interféron, première ligne de défense du système immunitaire, plus précisément dans la transmission du signal interféron dans les cellules via la voie de signalisation JAK-STAT (JAK : Janus kinase, STAT : transducteur de signal et activateur de transcription). Or, l’activation de la voie de signalisation JAK-STAT étant centrale dans le syndrome de Lyell, les chercheurs ont pu en démontrer l’importance in vitro et ont montré que des kératinocytes pouvaient être tués en l’espace de 72 heures par des cellules sanguines dont la voie de signalisation JAK-STAT est activée.
Les chercheurs ont fini par évaluer l’efficacité d’un inhibiteur de JAK, encore appelé JAKi, lorsqu’il était administré après l’induction de la maladie. De la même manière, ce traitement a permis d’en réduire la gravité.
Après un premier patient de 59 ans traité avec succès par JAKi, sept autres patients atteints d’un syndrome de Lyell ou d’un syndrome de chevauchement, ont reçu ce traitement, dont trois qui ne répondaient pas aux corticoïdes à fortes doses. Les sept patients ont bien répondu au JAKi et sont sortis de l’hôpital en bonne santé.
Sources :