Mon expérience des lunettes à chambre humide

Par Jean-Baptiste LEYMARIE

Les lunettes à chambres humides sont une solution simple pour un problème complexe. Elles limitent la dégradation des cornées et les sensations désagréables de la sècheresse, en diminuant l’évaporation du film lacrymal. Elles protègent aussi de la poussière et de l’éblouissement. Montées avec des verres teintés neutre ou correcteurs, elles sont un véritable palliatif pour les patients souffrant de sécheresse oculaire modérée à importante. Simples à utiliser au quotidien, elles se retirent facilement. Leur mise en place est légère et n’a pas de conséquence sur la santé des yeux. 

Mes premières lunettes à chambres humides ont été des lunettes de montagne. Pendant la phase aigüe du syndrome de Lyell, rapidement il a fallu que je me protège les yeux de la lumière et des courants d’air. La dégradation rapide de mes yeux et l’absence de larmes me brûlaient, m’obligeant à les maintenir fermés. J’avais l’impression d’éplucher des oignons toute la journée ou de recevoir en pleine figure la fumée d’un feu de bois. 

Lors de courses en haute montagne, j’utilisais des lunettes de glacier, avec des verres teintés et un pourtour en cuir de protection des rayons incidents réverbérés par la neige. Cela a donc été ma première solution pour pouvoir garder les yeux ouverts. En me protégeant des courants d’air, elles conservaient une humidité relative, atténuant la sensation pénible de sécheresse, les verres teintés me protégeant de la photophobie. Pendant des années, je n’ai eu que cette solution. Été comme hiver, je ne sortais qu’équipé de mes lunettes de montagne. 

En rentrant chez moi après l’hospitalisation, ma vision ayant fortement baissé, je forçais pour garder les yeux ouverts et essayer de voir un peu. Cette sollicitation excessive de mes yeux, déjà fragilisés par la xérophtalmie, entrainait fréquemment un œdème puis une ulcération des cornées, avec à chaque fois, une diminution de mes capacités visuelles. Je devais rester les yeux fermés au repos dans le noir, pour atténuer la brûlure de la sécheresse, et parfois être hospitalisé le temps que les cornées cicatrisent. 

J’ai consulté beaucoup d’ophtalmologues à Paris et à Lyon, pour trouver une solution, afin d’apaiser cette douleur des yeux et retrouver une vision fonctionnelle. Les différentes larmes artificielles étaient peu efficaces et devenaient rapidement irritantes. Je me suis fait poser trois fois une pompe lacrymale, solution miracle d’efficacité mais totalement ingérable sur le plan technique au quotidien. D’autres solutions pour une lubrification efficace n’ont pas donné de meilleur résultat pour retrouver une bonne trophicité des tissus.  Jusqu’à la greffe d’une kérathoprothèse qui m’a permis de retrouver la vue pendant quelques mois avant de s’infecter. Toutes ces tentatives ont échoué, avec des chirurgie lourdes, beaucoup de souffrances physiques, et la sensation de ne vivre que pour essayer de voir un peu, et de moins souffrir. 

Quinze ans après le début de la maladie, mes cornées se sont recouvertes définitivement d’une membrane conjonctive obstruant l’axe visuel. Mes yeux étant protégés des agressions extérieures par cette kératinisation, je ne vois plus, mais la sécheresse est un peu moins pénible.  Constatant l’inefficacité de toutes les tentatives médicales qui n’avaient fait qu’aggraver l’état de mes yeux, il ne me restait que la solution d’isoler au mieux mes yeux. Les gardés ouverts étant devenu insupportable dans ma situation.

Dans les hôpitaux les ophtalmologues restaient assez silencieux quand je leur décrivais tout ce que j’endurais à cause de la sécheresse. « Nous n’avons pas de solution miracle. La seule possibilité est de porter des lunettes étanches pour vous protéger de l’évaporation et la poussière qui irritent les conjonctives. Il vous faut isoler les yeux de l’extérieur, cela serait assez semblable à ce que vous faites avec vos lunettes de montagne. Ce n’est pas miraculeux mais c’est ce que j’ai trouvé de mieux. Si tous les opticiens que j’ai rencontré à cette période comprenaient bien ma demande, ils n’avaient en revanche pas de meilleure solution à me proposer que celle que j’utilisais déjà.

Fin des années 80, j’ai entendu parler d’une fabrication sur mesure chez l’opticien Lissac, rue de Rivoli à Paris. Un modèle de lunettes à coque protectrice avait été réalisé à la demande des opticiens et des patients pour protéger de l’éblouissement. Cette monture à coque rigide, pour plus d’efficacité ne permettait pas aux branches de se replier. 

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Au départ ces lunettes de protection contre la lumière se sont avérées efficaces pour palier le problème d’absence de larmes. Elles ont évolué en lunettes à chambre humide, maintenant une humidité naturelle ou une humidité de larmes artificielles autour de l’œil. Le modèle proposé aujourd’hui a légèrement évolué, mais il reste similaire.  Il se nomme CHUM : acronyme de CHambre HUmide. Il se compose d’une monture en acétate à larges branches. Sur ses bordures supérieure et inférieure sont collé un joint en silicone qui sera ajusté à la forme du visage. Les branches larges et le joint silicone assurent une relative étanchéité à l’air et à la poussière, et permettent de conserver l’humidité ambiante. Les verres sont plus ou moins teintés selon la photophobie de la personne. L’aspect esthétique est plus acceptable que les lunettes de glacier. Ces lunettes peuvent passer pour des lunettes branchées du style Ray Charles. Je me suis fait arrêter dans la rue par des personnes qui me demandaient où j’avais acheté ces lunettes. Et ce n’était pas pour des raisons médicales. 30 ans après j’utilise toujours cette protection qui m’est devenue indispensable. Si la douleur est moins vive qu’elle n’a été, la sécheresse reste irritante pour mes yeux et mes paupières. Et je porte en permanence mes lunettes à chambres humides pour une plus grande liberté de mouvement. 

Depuis la CHUM a évolué, l’utilisation de silicone souple sur cette même monture a permis un ajustage plus précis à la forme du visage, a amélioré l’étanchéité et diminué l’évaporation. Les branches qui étaient collées à la monture pour former une chambre rigide et étanche, sont redevenu pliables.

D’autres modèles plus récents existent, d’aspect plus légers, se rapprochant d’une simple paire de lunettes classiques.  Ils peuvent être composés d’une monture à branches fines, du moment que cette monture est en acétate, et d’une jupe en silicone souple épousant le pourtour de l’orbite et ajustées lors de l’essayage à la forme du visage. Cette jupe collée sur la monture est transparente ou teintée selon la demande. Ce qui en fait des lunettes plus discrètes et plus faciles à manipuler avec les branches repliables.

Beaucoup de personnes souffrant de sécheresse oculaire ne connaissent pas cette possibilité qui présente de nombreux avantages : simplicité d’utilisation, protection contre l’évaporation, la poussière et l’éblouissement.  

Depuis les années 2000 une autre solution très efficace pour pallier les sécheresses sévères existe. Ce sont les lentilles sclérales. 

Quelques prix à titre indicatif : 

Chez Lissac modèle classique à branches larges CHUM = chambres humides 

Le modèle classique à branches larges, prix de la monture : 285€ ; montage des chambres humides : 120€ + le prix des verres. 

Monture à branches fines en acétate (pour que la jupe en matière silicone puisse coller) 

Prix de la monture : selon choix entre 150 et 350€, façonnage de la chambre humide : tjrs 120€ + le prix des verres.  

La SECU rembourse partiellement les chambres humides pour les enfants.

Pour les adultes : remboursement 5 centimes d’euro, mais cela peut est pris en charge par les mutuelles.

Durée de la prise en charges : tous les 2 ans pour une paire de chambres humides.  

Voir le site quelle est la prise en charge des lunettes à chambres humides de l »Assurance Maladie : https://forum-assures.ameli.fr › Prestations et aides

D’autres solutions de protection des yeux par des lunettes qui ont leurs avantages : j’utilise depuis quelques mois les lunette de chez Emgidi avec jupe amovible en silicone.  

Avantages : elles sont presque aussi efficaces que  les lunettes sur mesures, plus esthétiques et sensiblement moins chères.

Exemple : le modèle Ziena Marina au prix de 249€.

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J’utilise également des lunettes de protection professionnelles. Moins efficaces contre la sécheresse, mais relativement efficaces pour protéger des agressions extérieures.

Avantages : elles se trouve partout et à des prix imbattables, mon modèle préféré est à 3€.

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Les lunettes de sport

Avantage : solidité et facile à se procurer dans tous les magasins de sport, prix plus variables. 

Exemple le modèle Proball fourni avec 2 joints mousse et 2 bandeaux serre-tête et verres teintés et transparents, prix = 140€. 

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Quelques liens 

SOS SYNDROME DE L’OEIL SEC

https://sos-syndrome-oeil-sec.org/lunettes-a-chambres-humides/#content

EMGIDI entreprises spécialiste des yeux sec :  https://emgidi.com