Septembre 1994, Roland, 37 ans, se voit prescrire du Zyloric® (Glaxo-Wellcome) et Colchimax® (Hoechst Houde) pour lutter contre la goutte (acide urique dans les articulations). Pourtant, une quinzaine de jours après la 1ère prise, ses yeux se mettent à couler, pleurent sans cesse et le démangent. Puis, c’est une sorte de syndrome grippal, courbatures, nausées, migraine… Son médecin lui demande d’arrêter le traitement. Mais il est trop tard.
Le cauchemar a commencé. Tremblements, convulsions, hoquets incessants se prolongent pendant des heures, jusqu’à l’épuisement. Seul chez lui, Roland, prostré, ne se reconnaît même plus dans son miroir tant sa face est difforme, boursouflée. Le moindre petit traumatisme lui arrache la peau. Des liquides s’en échappent et brûlent terriblement. Il doit finalement brûler le bout d’une paire de ciseaux et les désinfecter à l’alcool pour trancher la peau afin d’ouvrir la bouche et de téléphoner aux urgences… Même ses mains sont enflées et sanguinolentes… Hôpital… Urgences… Médecins dubitatifs… les dermatologues se succèdent à son chevet… Puis c’est la cécité, les paupières soudées. Service de réanimation. Etat comateux. Jet d’affaires privé affrété direction Orly. Un hélico attend en bout de piste pour l’évacuer au service de grands brûlés de l’hôpital Henri Mondor à Créteil. Plongé dans le coma, il reste des semaines à 42.2°, voire plus. A son réveil, sa peau n’est plus qu’une gigantesque croûte. On lui transfuse 11 litres de liquides par jour… Il perd la moitié de son poids en 3 à 4 semaines, ne fait plus guère que 40 kilos. La peau continue à brûler, mais de façon aléatoire et localisée.
Retour à Saint-Brieuc. Roland est estimé grand brûlé, à 40% au 2ème degré profond (mais de combien de % à l’intérieur ?). Après ces 2 mois d’enfer, Roland continue à perdre ses cheveux et ses ongles, un par un. Les crises d’angoisse prennent la relève : la ré-ingestion de la molécule responsable serait cette fois fatale. Quelques années plus tard, Roland se rend compte à quel point il ne s’est jamais remis de ce Lyell. Plus de souffle, hémorragies, problèmes d’yeux et de cils, de muqueuses (glandes lacrymales et salivaires brûlées), fatigues et douleurs intenses (fibromyalgies), et surtout, difficultés pour se soigner désormais (sous peine d’hépatite médicamenteuse à répétition). Roland a aujourd’hui 44 ans et ne pourra plus travailler.
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